Le continuum entre normal et pathologique en psychopathologie
Georges Canguilhem, dans son essai sur Le normal et le pathologique, s’était livré à une fervente critique du principe de Broussais selon lequel le pathologique reviendrait à une modification concevable en termes purement quantitatifs de l’état normal. Sa théorisation d’une approche qualitative de l’être-malade, bien que dépourvue de référence explicite à la psychanalyse, est néanmoins riche de liens possibles avec la psychopathologie freudienne.
Après avoir tenté d’interroger la métapsychologie du normal et du pathologique relativement à la problématique d’un continuum possible qui ne se réduise pas à une appréhension uniquement quantitative des processus psychopathologiques, nous étudierons quels remaniements les découvertes récentes des neurosciences ont induits au sujet de la problématique du qualitatif et du quantitatif en psychopathologie. Si les avancées de la génétique et de la neurobiologie ont pu mettre en avant une dérégulation du système dopaminergique dans la schizophrénie, réintroduisant ainsi une mesure quantitative là où, pour Canguilhem, la psychopathologie était dépourvue de tout critère mesurable et objectif, nous pourrons étudier comment les travaux sur la plasticité neuronale ouverts par le prix Nobel de médecine Eric Kandel permettent de réintroduire une problématique d’ordre qualitative dans ces perspectives.
Mots-clés
- Canguilhem
- Freud
- normal
- pathologique
- neurosciences