Les risques du refus

Quand l’exil devient errance : des sujets en quête de place
Par Maud Delahaye
Français

Les notions de place et d’errance surgissent dans les rencontres cliniques avec des sujets en situation d’exil, de manière manifeste ou latente. L’ère actuelle est marquée par le durcissement des politiques migratoires, consubstantiel à la violence de la montée des extrêmes droites. Tandis que le clivage entre le dedans et le dehors des territoires est au centre du politique, la différence entre l’accueil et le refus des étrangers apparaît parfois peu claire et en fomente ainsi l’aspect insidieux. Or, le rejet et le refus exacerbent le caractère « discontinu » de la situation d’exil (Said, 2001, p. 757) et peuvent en faire une « expérience-limite » (Zaltzman, 1999). Les sujets en situation d’exil sont pris dans un paradoxe car sommés d’évoluer dans un espace sans place, d’être là sans exister. L’objectif de cet article est d’analyser les notions d’errance et de (non-)place à partir de deux rencontres cliniques, à la lumière de la psychanalyse et de la psychologie clinique articulées à des apports de la sociologie et de la philosophie. Il s’agit d’envisager de quelles façons l’exil peut se transformer en errance et de quoi cette errance est le nom. Comment pour certains sujets exilés la question de la quête de place subjective se déplie et de quoi le refus de l’étranger, au-delà du refus administratif, est le symptôme politique ?

  • exil
  • place subjective
  • errance
  • trauma
  • désubjectivation
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