Climatoscepticisme et post-vérité climatique : la banalité du déni ?
La prolifération, depuis l’ère du numérique, des fake news et théories du complot a mis en lumière la banalité du déni, dans des incarnations bien plus larges que celles de la clinique des psychoses, de la perversion ou du traumatisme. Le déni complotiste semble en même temps emprunter certains de ses traits à ces formes cliniques du déni, dans sa tentative d’aménager une position viable face à l’effraction d’une réalité intolérable et inélaborable. La menace écologique, en confrontant à la perspective d’une réalisation des fantasmes de fin du monde et de destructivité, est particulièrement à même de venir brouiller la distinction entre réalité fantasmatique, réalité fictionnelle et réalité historique. Si les théories climatosceptiques se distinguent peu, dans leur contenu, des autres incarnations de l’imaginaire du complot, la menace écologique pointe néanmoins vers d’autres formes spécifiques de refus de la réalité. Ne pas refuser la réalité de la menace écologique exige alors de prendre acte du caractère radical de la perte de réalité qu’elle implique, ce qui soulève la question de savoir dans quelle mesure il s’avère possible, au plan psychique, de représenter cette perte de réalité et, au plan métapsychologique, de saisir à la fois sa radicalité et son caractère inédit.
Mots-clés
- climatoscepticisme
- post-vérité
- déni
- catastrophe écologique
- déréalisation