Existe-t-il des affections psychosomatiques du cerveau ?

Par Yorgos Dimitriadis
Français

La psychanalyse - et surtout la psychanalyse lacanienne - permet de penser l’appareil psychique en rapport avec la catégorie du symbolique. Le langage et surtout les signifiants qui le constituent se distinguent des signes du fait que chaque signifiant renvoie à un autre et non pas à un objet quelconque. Dans des conditions spécifiques, cette dimension constitutive du langage peut s’éclipser et le signifiant peut se réduire au signe. Chez les psychotiques le symbolique est en carence car cette opération de renvoi, propre à la catégorie du signifiant, est défectueuse du fait que le désir de la mère est resté pour l’enfant sans médiation par la fonction du père en tant que tiers de la relation mère-enfant. Dans la schizophrénie (et certaines psychoses délirantes en général) dans des conditions spécifiques, la fonction du signifiant tombe en panne et le monde du schizophrène devient ainsi un monde où plusieurs événements sont énigmatiques et lui font signe. Le schizophrène essaie de pallier à ces signes qui l’envahissent, soit par une attitude interprétative tous azimuts, (qui correspond à la notion d’humeur délirante de Jaspers), soit par l’apathie. Ces deux versions d’attitude correspondent à des processus stéréotypés (et humoraux) par lesquels le schizophrène essaie d’éviter l’angoisse que l’énigme du désir de l’Autre lui pose, et - en même temps - à des processus psychosomatiques de l’organe cerveau. La notion neurobiologique de kindling de Robert Post, celle de mismaching des stimuli de David Hemsley, et celle de seeking system de Jaak Pansepp peuvent servir à la compréhension du processus psychosomatique qui se met en marche chez le schizophrène.

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