Sexualité et défiguration : des théories médicales du XIXe aux théories sexuelles infantiles de la psychanalyse

Par Andréa Linhares
Français

La littérature médicale du début du XIXe siècle établissait de façon récurrente un lien entre anatomie et préférences sexuelles. Selon nombre de médecins de cette époque, l’idée de la défiguration corporelle était articulée à des pratiques sexuelles déviantes. Elle était tantôt envisagée comme la cause des désirs interdits, tantôt comme la conséquence physique visible des rapports sexuels illicites. Ces conceptions historiques du corps et du sexe peuvent-elles apporter un éclairage sur certaines expériences recueillies dans la clinique analytique ? Tel est le pari de cet article. En effet, dès lors qu’elles se réfèrent aux désirs refoulés, du moins socialement, ces théorisations anatomo-pathologiques peuvent fonctionner comme un terrain privilégié pour le déploiement des fantasmes inconscients. Chez les médecins du XIXe siècle, l’idée de la défiguration venait rendre visibles les traces des pratiques sexuelles qui devaient rester invisibles en société (masturbation, pédérastie et saphisme). De la même manière, certaines situations cliniques laisseraient penser que le fantasme de défiguration vient donner une forme corporelle à des positions psychiques angoissantes, de par leur contenu sexuel refoulé. Comme si, afin d’être circonscrits et contenus, l’excès et le désordre pulsionnels du retour du refoulé appelaient la construction psychique d’une figure du corps.

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  • anatomie
  • sexualités déviantes
  • théories sexuelles infantiles
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