On se propose ici de faire retour sur un certain écart entre philosophie et psychanalyse, qui aura été constituant pour le renouvellement de cette dernière : celui qu’a produit en 1960 l’affranchissement de Lacan vis-à-vis de la théorie de la reconnaissance de Hegel, que lui avait léguée Kojève et sur laquelle il avait appuyé la première partie de son enseignement. Dans cette relecture de l’essai, Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien, il s’agit de se demander quelle subversion du sujet est opérée par cette nouvelle dialectique du désir qu’introduit le concept lacanien de castration. Renversant par son moyen un concept philosophique par excellence – celui de sujet –, Lacan prend position par rapport au primat hégélien du savoir, d’un sujet non-barré, en instaurant une théorie du désir où ce dernier redouble, grâce à la Loi, la limitation initiale de la jouissance par le plaisir.