Le récit traumatique et le psychanalyste
Le traumatisme, en psychanalyse comme en médecine, est souvent défini comme une intrusion qui déborde les capacités d’élaboration du sujet. L’événement traumatique resterait dès lors ce corps étranger interne, vécu par le sujet, mais voué à lui rester extérieur, figeant sa mise en récit. Dans cette perspective, le récit de l’événement traumatique pourrait être défini par l’impossibilité d’une mise en fiction qui viendrait caractériser la réalité psychique. Néanmoins, la psychanalyse permet également de penser l’événement traumatique comme potentialité, en ceci que dans le cadre de l’analyse, et par le truchement du transfert, il devient alors l’occasion d’une fiction subjectivante, construite à deux voix et susceptible de relancer les capacités de créativité psychique pétrifiées. Ce mouvement est aussi ce qui permet à la psychanalyse de continuer à se réinventer au niveau théorique. En effet, un questionnement récent sur les effets de l’histoire coloniale française sur les subjectivités individuelles le montre : le traumatisme n’est pas nécessairement ce qui est sans mots ou hors récit, mais aussi ce qui est sans image. La rencontre avec la pensée décoloniale interroge en la réaffirmant la capacité du cadre analytique à favoriser la co-construction d’un récit autorisant un mouvement de subjectivation.
Mots-clés
- traumatisme
- fiction
- subjectivation
- transfert
- narrativité